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vendredi 10 mai 2013

2013 Camps de Réfugiés - Urgence humanitaire

Les camps de réfugiés maliens au Burkina Faso
dates de la mission : du 25/02/2013 au 09/03/2013


état des lieux

il y a cinq sites de réfugiés sur le Burkina Faso, un à Saagniogniogho près de Ouagadougou, et quatre à Djibo (Nord).
Les sites sont les suivants : Mentaw (Nord, Centre et Sud), Ganda Fabou (le plus grand de tous les camps) et Saagniogniogho à 35 km de Ouagadougou.
Les sites de Mentaw comprennent 24 groupes de 30 familles soit entre 3 et 4000 personnes. Le site de Ganda Fabou est trois fois plus grand et englobe 46 groupes soit entre 10 et 12 000 personnes. A Saagniogniogho, on estime la population entre 2000 et 2500 personnes.
A Saagniogniogho, les réfugiés sont principalement des Kel Tamasheqs (Touaregs) blancs ou rouges, auxquels s'ajoutent quelques Peuls et quelques Songhaïs.
Toutes les tribus sont présentes ; le site est organisé en tribus et fractions.
Les Imouchars et les Kal Ansars, réputés pour avoir beaucoup de forgerons sont peu présents sur le site. Il y aurait une cinquante de familles de forgerons, certains organisés autour de l'association Tafliste de l'Hippodrome de Bamako (du cuir).
Les Imouchars sont plutôt regroupés dans le site de Gonda Fabou.

une distribution alimentaire a minima

Le Haut Commissariat aux réfugiés et les ONG présentes assurent une distribution alimentaire a minima.
Les familles ne recevraient actuellement que 12 kg de riz (par famille ? par personne ? entre les deux ?), ce qui représenterait seulement la moitié de la couverture alimentaire mensuelle. On peut donc estimer la quantité de riz nécessaire à 24 kg (par famille ?).
Au riz s'ajoutent deux mesures de mil et d'huile, ce qui est également insuffisant.
En effet, les Kel Tamasheqs consomment principalement le mil et le sorgho. 

Vers 11 heures du matin, une bouillie de mil allongée d'eau, avec parfois du fromage et du piment vient "casser" la faim avant le repas de la mi-journée.

Les Kel Tamasheqs et les Peuls sont également de grands consommateurs de lait. Or, l'élevage, bien que présent, ne suffit pas pour fournir la quantité de lait nécessaire aux familles. 

Les Kel Tamasheqs sont également friands de viande ...

Pour préparer tous les plats, il est nécessaire d'avoir des condiments (dont le sel, mais aussi des épices pour les sauces, dont le fameux carré "Maggi"). Les Songhaïs et les Kel Tamasheqs boivent du thé très sucré.
Or, dans les rations fournies, il n'y a ni condiments, ni thé, ni sucre, ni viande, ni lait ...

Absence d'activités économiques et de capital

Les activités économiques tentent de s'organiser. Mais les réfugiés n'ont emporté avec eux que le strict nécessaire.
Le capital nécessaire pour ouvrir un petit commerce n'est souvent pas suffisant.
Les intellectuels du camp, eux, ne peuvent pas exercer le métier d'enseignant avant deux ans de séjour sur le sol Burkinabais.
Les forgerons et forgeronnes n'ont pas emmené leurs outils avec eux, voyageant sans bagages ou presque. Ils ne peuvent donc pas travailler.
Les moyens de transport pour se rendre à Ouagadougou sont insuffisants et fort coûteux (8000 CFA soit 12€ pour un aller/retour en taxi collectif). Or, les artisans ont besoin de vendre et les commerçants d'acheter sur le marché.

besoins des familles



1) Besoins alimentaires
Les réfugiés manquent de tout, principalement de riz (12 kg par mois), de mil (30 kg par mois), de lait (au moins un 30 litres par mois), de sucre, thé, sel et épices. Il serait également utile de leur fournir des poules pour avoir des œufs. Un petit élevage de chèvre s'organise sur le campement.

2) Besoins pour le logement
Des bâches plastiques ont été fournies. Cependant, ces bâches si elles sont utiles durant la saison des pluies, s'avèrent peu adaptée durant la saison sèche quand il fait 40° à l'ombre ... (60° sous la tente).
Des bâches en coton enduit seraient plus adaptées, imperméables et plus climatisées (type toiles de tente de l'armée). Le mieux serait de fournir des peaux pour construire des tentes traditionnelles Tamasheqs.

3) Besoins de financement / moyens de production
Pour les activités économiques, il serait utile de mettre en place des micro-crédits et/ ou de fournir des moyens de production, tels que machines à coudre (type Singer à pédale - environ 80€ pour une machine - il en faudrait une dizaine par camp), boites à outils (environ 200€ par 150 familles) , teintures, peaux, outils agricoles, semences ...
Une activité de transport pourrait également être mise en place pour permettre aux résidents de se rendre du camp de Saagnigniogho à Ouagadougou - type moto taxi sous réserve de conformité avec le code de la route burkinabais-.

4) Scolarisation des enfants
Actuellement les enfants sont scolarisés par l’État Burkinabais à l'école primaire du village à 5 km de là. Les enfants doivent s'y rendre à pied (soit 2 allers et deux retours par jour ... 40° à l'ombre ...). Les enfants n'ont ni uniforme, ni chaussure et les parents ne peuvent pas les leur acheter.
Les enseignements en CP/CE1 se font en langue nationale locale (Mossé) et en Français, or, les enfants parlent le Songhaï, le Tamasheq ou le Peul.
Les enfants sont peu motivés pour se rendre à l'école et restent sur le camp.
Même les collégiens sont en situation de décrochage et restent sur la grand route au lieu d'aller au collège.

conclusions

Notre association a déposé deux projets au Haut Commissariat aux Réfugiés et à la CONAREF ; l'un vise à fournir une boite à outils pour les forgerons maliens, l'autre à mettre en place un soutien scolaire pour les enfants déscolarisés, hors temps scolaire ...

Ce soutien scolaire sera assuré par les enseignants maliens réfugiés. Nous sommes en train de chiffrer les besoins en matériel (tableaux noirs, craies, cahiers, crayons, uniformes - tissus, machines à coudre, fil ...-; livres et salaire des enseignants soit entre 50 et 100€ par mois pour une dizaine d'enseignants).

Le projet de boite à outil a été chiffré par les forgerons de Tafilist, qui font le recensement précis des besoins dans les différents camps. Une première estimation est présentée dans le projet joint.

Notre association étant présente au Burkina Faso peut être support pour la mise en œuvre de micro-crédits et soutenir au maximum une trentaine de projets.

En matière alimentaire, nous lançons un cri d'alerte pour ces familles sous-alimentées et carencées, pour les femmes enceintes, allaitantes, pour les enfants.

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