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mardi 23 septembre 2014

Aide à la scolarisation des enfants maliens 
réfugiés au Burkina Faso
bilan

En février 2013, Kel Imnas s'est engagé à apporter son soutien aux enfants maliens réfugiés au camp de Saagniogniogo.

Le Conseil Régional des Pays de la Loire a été notre unique financeur sur ce projet. Ses élus nous ont alloué une aide exceptionnelle de 4500€. 

Sans la mobilisation de tous les bénévoles de notre association, cette action n'aurait pas pu se réaliser et nous les en remercions. Ce bénévolat représente près de 3340 heures de travail sans contre-partie.

Dans ce bilan nous présentons les données collectées par notre propre équipe. 

L'action « Aide à la scolarisation des enfants maliens réfugiés » est divisée en plusieurs axes :
  • soutien scolaire en langues maternelles Tamasheq et Songhaï,
  • soutien matériel aux familles (fournitures de vêtements et de chaussures),
  • communication et information autour du sort des enfants réfugiés avec des expositions, des conférences, l'édition d'ouvrages et la tenue de stand lors de festivals ciblés.
Nous avons été des auxiliaires fidèles à la cause des réfugiés durant plus 18 mois.

Absentéisme scolaire

Assemblée des femmes en février 2013
En février 2013, les familles expliquaient l'absentéisme scolaire par le fait que les enfants n'avaient pas de vêtements, de chaussures, d'affaires d'école, mais aussi que l'école était située à 3 km du camp, que le maître était souvent absent et que le chemin pouvait être dangereux pour les petites filles. L'école du village dispensait son savoir en Français et en Moré, or les enfants du camp parlaient pour les plus jeunes que leurs langues maternelles (Dogon, Peul, Tamasheq et Songhaï).

assemblée des femmes en février 2013


Pour lutter contre l'absentéisme scolaire, Terre des Hommes a mis en place un "pédibus" (encadrement des enfants sur le chemin de l'école) et une garderie périscolaire. Des kits scolaires devaient être distribués aux enfants. 

Kel Imnas arrivait ainsi en complément de Terre des Hommes en donnant des vêtements et des chaussures mais aussi des cours de soutien scolaire.

Cours de soutien scolaire en langues maternelles

Afin d'aider les enfants dans leurs apprentissages à l'école primaire du village, le soutien scolaire a été apporté dans les langues maternelles des enfants afin de leur permettre d'intégrer les concepts nécessaires à une bonne scolarisation.

Des cours de soutien scolaire leur ont été proposés en Tamasheq et en Songhaï, avec intégration progressive du Français, selon une méthode d'apprentissage conforme à leur culture, pour aller vers le trilinguisme, voire quatrilinguisme pour ceux qui vont à l'école coranique.

Nous avons dispensé 538 heures de soutien scolaire dans les disciplines principales (Français, mathématiques).

Les cours ont eu lieu depuis décembre 2013.

Depuis février 2014, les cours de soutien se font à raison de 3 séances par jour, les jeudis et les samedis. 

Deux enseignants ont ainsi accueilli près de 60 élèves par jour, dont 52,4 % de filles. Les 213 élèves scolarisés ont participé à ces séances.



Il est probable, que des filles, non scolarisées soient venues à ces cours. Ceci met en avant les blocages culturels, qui confinent malheureusement les petites filles dans l'ignorance.

Notre équipe a veillé à encourager les parents à scolariser leurs enfants, filles et garçons dans l'école du village. Une action de sensibilisation a été menée en mars 2014 auprès de toutes les familles du camp. 


Sur ces photographies, on se rend compte de l'intérêt des enfants et du sérieux de notre équipe pédagogique, composée de M Zouda Ag Doho, professeur de collège à Gao (devenu Président du camp), remplacé par M Idrissa Touré, professeur de collège à Gao et M Ibrahim Ag Attaher, assistant en droit à l'université de Bamako.

7 réunions de coordination ont été réalisées avec les enseignants de primaire ; toutes ces réunions ont mis l'accent sur l'aide précieuse de ces cours de soutien scolaire pour l'intégration des enfants réfugiés dans les écoles Burkinabé.


Pour cette action, nous avons dépensé 1141€ en cours de soutien, 2200€ en frais de coordination et de gardiennage et 4120€ d'achat de matériel, dont les machines à coudre.

Soutien matériel auprès des familles

En février 2013, les femmes du camp de Saagniogniogo souhaitaient des uniformes scolaires pour leurs enfants, pour que ceux-ci soient bien intégrés dans l'école du village. Ils étaient alors habillés de manière traditionnelle.

enfants à la baignade de Saagniogniogho en février 2013






Kel Imnas a fourni 280 costumes aux familles et 173 paires de chaussures. Même les plus jeunes non scolarisés ont reçu un habit.

enfants du camp en février 2014 avec leurs uniformes scolaires

Nous aurions souhaité pouvoir également contribuer à l'aide alimentaire pour les enfants, en leur donnant un goûter équilibré fait de fruits, de légumes, de protéines (oeufs, viande, poisson) ; cependant nos finances n'y suffisaient pas.

Nous avons déboursé 2710,5€ pour cette action.

bilan quantitatif et qualitatif

taux de scolarisation et taux de passage

Les enfants de plus de 6 ans ont été scolarisés dans leur grande majorité, ce qui n'aurait pas été le cas dans les campements au Mali. A ce titre, l'action menée par tous les partenaires du camp de Saagniogniogo a été exemplaire.

Au vu des résultats ci-dessous, le succès de la scolarisation des enfants tient dans leur scolarisation précoce, dès 6 ans. Les enfants les moins motivés sont ceux qui n'avaient pas été scolarisés avant la crise, du fait du nomadisme ou de l'absence d'école en brousse. 

Cependant, ils bénéficient d'un système de rattrapage, mais l'écart d'âge peut être facteur de démotivation et d'échec.

La motivation des petites filles est réelle ; elles sont plus présentes en cours, plus assidues et elles réussissent mieux que les garçons. 

Au Mali, dans les campements, les petites filles n'auraient pas eu accès à l'instruction. 89 % des petites filles passent en classe supérieure, contre seulement 74% des garçons.

Les petites filles ont également investi les cours de soutien scolaire, où elles y sont plus nombreuses que les garçons. 





taux de scolarisation

TAUX de réussite

classe age filles garçons taux de scolarisation global taux de scolarisation filles taux de scolarisation garçons TAUX de réussite taux réussite filles taux de réussite garçons
1CP1 7 25 25 94% 96% 92% 82% 84% 80%
1CP1 8 23 16 97% 96% 100% 90% 87% 94%
1CP1 9 0 10 100% 100% 60% 60%
2CP2 8 13 9 100% 100% 100% 86% 100% 67%
2CP2 9 10 11 95% 100% 91% 86% 90% 82%
3CE1 10 6 5 100% 100% 100% 91% 100% 80%
3CE1 11 0 7 71% 71% 71% 71%
3CE1 13 8 0 100% 100% 88% 88%
4CE2 13 3 8 100% 100% 100% 100% 100% 100%
4CE2 15 5 5 90% 100% 80% 80% 80% 80%
5CM1 13 4 5 44% 44% 100%
5CM1 15 5 3 88% 100% 67% 50% 80%
6CM2 13 1 1 100% 100% 100% 100% 100% 100%

9,36 103 105 93% 93% 93% 82% 89% 74%

excellence scolaire

Les enfants du camp, dans l'école du village (7 classes), ont obtenu des résultats scolaires excellents. Nombreux sont ceux qui sont désormais têtes de classe :
  • 1er de classe : 5 enfants,
  • 2ème de classe : 4 enfants,
  • 3ème de classe : 5 enfants,
  • 4ème de classe : 6 enfants,
  • 5ème de classe: : 3 enfants,
  • 6ème de classe : 1 enfant,
  • 7ème de classe : 1 enfant.
20 enfants du camp sur 35 élèves ont donc occupé les cinq premières places.
Petite fille Dogon, 2ème de sa classe, avec ses parents et son professeur de soutien scolaire, M Idrissa Touré

conclusions

Cependant, il faut constater en mars 2014 que des difficultés subsistent encore : déplacements entre le camp et l'école, mais aussi l'absence répétée du maître d'école. Les parents ont exprimé leurs grands besoins en matériel scolaire : principalement sac, cahiers, crayons, bics, ardoises .... mais aussi bidon d'eau et des chaussures solides.

 L'assemblée des femmes a exprimé sa reconnaissance à Kel Imnas pour les dons en vêtements et en chaussures, mais plus encore pour les cours de soutien scolaire qui ont été particulièrement appréciés par les mamans (et les papas sans aucun doute), surtout avec la présence d'un enseignant Tamasheq et d'un enseignant Songhaï.

L'assemblée des femmes a demandé un kit de fournitures scolaires pour les enfants (sac, cahiers, bics, ardoises) et un bidon.



Assemblée des femmes du 22/08/2014 – camp de Saagniogniogo – femmes Tamasheqs et femmes Songhaïs

Les femmes ont également exprimé le besoin d'être elles-mêmes alphabétisées en Français. 

Cette action a été menée par nos membres réfugiés avec enthousiasme, ferveur et sens profond de l'intérêt général. Exemplaire et porteuse d'avenir pour ces enfants qui manquent de tout (nourriture, bidon d'eau pour se rendre à l'école, matériel scolaire ....), cette action est un succès du fait de la présence, du militantisme et de l'engagement de nos acteurs de terrain, mais aussi de l'ensemble de nos bénévoles en France, au Maroc, au Mali et au Burkina Faso.


M Ibrahim Ag Attaher, coordonnateur et enseignant (Saagniogniogo) à gauche, Mme Joignon Laurence, trésorière (au centre), M Idrissa Touré, enseignant (Saagniogniogo) à droite

poursuite d'action

Les besoins des familles sont les suivants :
- un kit scolaire (estimé à 15€) avec cahier, crayons, bics, sac et un bidon pour l'eau,
- deux uniformes (12€),
- une paire de chaussures en cuir (8€),
par enfant. 

Soit au total, 35€ par enfant * 210 enfants dans le camp = 7 350€.

Pour les cours de soutien scolaire : 300€ * 12 mois soit 3 600€.

Nous lançons une demande de don pour cette action, à hauteur de 10 000€.



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