Aide à la scolarisation des enfants maliens
réfugiés au Burkina Faso
bilan
En février 2013, Kel Imnas s'est
engagé à apporter son soutien aux enfants maliens réfugiés au
camp de Saagniogniogo.
Le Conseil Régional des Pays de la
Loire a été notre unique financeur sur ce projet. Ses élus nous ont alloué une aide exceptionnelle de 4500€.
Sans la mobilisation de tous les bénévoles de notre
association, cette action n'aurait pas pu se réaliser et nous les en remercions. Ce bénévolat représente près de
3340 heures de travail sans contre-partie.
Dans ce bilan nous présentons les données collectées par notre propre équipe.
L'action « Aide à la
scolarisation des enfants maliens réfugiés » est divisée en
plusieurs axes :
- soutien scolaire en langues maternelles Tamasheq et Songhaï,
- soutien matériel aux familles (fournitures de vêtements et de chaussures),
- communication et information autour du sort des enfants réfugiés avec des expositions, des conférences, l'édition d'ouvrages et la tenue de stand lors de festivals ciblés.
Nous avons été des auxiliaires
fidèles à la cause des réfugiés durant plus 18 mois.
Absentéisme scolaire
Assemblée des femmes en février 2013 |
En février 2013, les familles expliquaient l'absentéisme scolaire par le fait que les enfants n'avaient pas de vêtements, de chaussures, d'affaires d'école, mais aussi que l'école était située à 3 km du camp, que le maître était souvent absent et que le chemin pouvait être dangereux pour les petites filles. L'école du village dispensait son savoir en Français et en Moré, or les enfants du camp parlaient pour les plus jeunes que leurs langues maternelles (Dogon, Peul, Tamasheq et Songhaï).
assemblée des femmes en février 2013 |
Pour lutter contre l'absentéisme scolaire, Terre des Hommes a mis en place un "pédibus" (encadrement des enfants sur le chemin de l'école) et une garderie périscolaire. Des kits scolaires devaient être distribués aux enfants.
Kel Imnas arrivait ainsi en complément de Terre des Hommes en donnant des vêtements et des chaussures mais aussi des cours de soutien scolaire.
Cours de soutien scolaire en langues maternelles
Afin d'aider les enfants dans leurs apprentissages à l'école primaire du village, le soutien scolaire a été apporté
dans les langues maternelles des enfants afin de leur permettre
d'intégrer les concepts nécessaires à une bonne scolarisation.
Des cours de soutien scolaire leur ont été proposés en Tamasheq et en Songhaï, avec intégration progressive du Français, selon une méthode d'apprentissage conforme à leur culture, pour aller vers le trilinguisme, voire quatrilinguisme pour ceux qui vont à l'école coranique.
Deux enseignants ont ainsi accueilli près de 60 élèves par jour, dont 52,4 % de filles. Les 213 élèves scolarisés ont participé à ces séances.
Il est probable, que des filles, non scolarisées soient venues à ces cours. Ceci met en avant les blocages culturels, qui confinent malheureusement les petites filles dans l'ignorance.
Des cours de soutien scolaire leur ont été proposés en Tamasheq et en Songhaï, avec intégration progressive du Français, selon une méthode d'apprentissage conforme à leur culture, pour aller vers le trilinguisme, voire quatrilinguisme pour ceux qui vont à l'école coranique.
Nous avons dispensé 538 heures de
soutien scolaire dans les disciplines principales (Français,
mathématiques).
Les cours ont eu lieu depuis décembre
2013.
Depuis février 2014, les cours de
soutien se font à raison de 3 séances par jour, les jeudis et les
samedis.
Il est probable, que des filles, non scolarisées soient venues à ces cours. Ceci met en avant les blocages culturels, qui confinent malheureusement les petites filles dans l'ignorance.
Notre équipe a veillé à encourager les parents à scolariser leurs enfants, filles et garçons dans l'école du village. Une action de sensibilisation a été menée en mars 2014 auprès de toutes les familles du camp.
Sur ces photographies, on se rend
compte de l'intérêt des enfants et du sérieux de notre équipe pédagogique,
composée de M Zouda Ag Doho, professeur de collège à Gao (devenu
Président du camp), remplacé par M Idrissa Touré, professeur de
collège à Gao et M Ibrahim Ag Attaher, assistant en droit à
l'université de Bamako.
7 réunions de coordination ont été
réalisées avec les enseignants de primaire ; toutes ces
réunions ont mis l'accent sur l'aide précieuse de ces cours de
soutien scolaire pour l'intégration des enfants réfugiés dans les
écoles Burkinabé.
Pour cette action, nous avons dépensé 1141€ en cours de soutien, 2200€ en frais de coordination et de gardiennage et 4120€ d'achat de matériel, dont les machines à coudre.
Soutien matériel auprès des familles
En février 2013, les femmes du camp de Saagniogniogo souhaitaient des uniformes scolaires pour leurs enfants, pour que ceux-ci soient bien intégrés dans l'école du village. Ils étaient alors habillés de manière traditionnelle.
enfants à la baignade de Saagniogniogho en février 2013
Kel Imnas a fourni 280 costumes aux familles et 173 paires de chaussures. Même les plus jeunes non scolarisés ont reçu un habit.
enfants du camp en février 2014 avec leurs uniformes scolaires
Nous avons déboursé 2710,5€ pour cette action.
bilan quantitatif et qualitatif
taux de scolarisation et taux de passage
Les enfants de plus de 6 ans ont été scolarisés dans leur grande majorité, ce qui n'aurait pas été le cas dans les campements au Mali. A ce titre, l'action menée par
tous les partenaires du camp de Saagniogniogo a été exemplaire.
Au vu des résultats ci-dessous, le succès de la scolarisation des enfants tient dans leur scolarisation précoce, dès 6 ans. Les enfants les moins motivés sont ceux qui n'avaient pas été scolarisés avant la crise, du fait du nomadisme ou de l'absence d'école en brousse.
Cependant, ils bénéficient d'un système de rattrapage, mais l'écart d'âge peut être facteur de démotivation et d'échec.
La motivation des petites filles est réelle ; elles sont plus présentes en cours, plus assidues et elles réussissent mieux que les garçons.
Au Mali, dans les campements, les petites filles n'auraient pas eu accès à l'instruction. 89 % des petites filles passent en classe supérieure, contre seulement 74% des garçons.
Les petites filles ont également investi les cours de soutien scolaire, où elles y sont plus nombreuses que les garçons.
Au vu des résultats ci-dessous, le succès de la scolarisation des enfants tient dans leur scolarisation précoce, dès 6 ans. Les enfants les moins motivés sont ceux qui n'avaient pas été scolarisés avant la crise, du fait du nomadisme ou de l'absence d'école en brousse.
Cependant, ils bénéficient d'un système de rattrapage, mais l'écart d'âge peut être facteur de démotivation et d'échec.
La motivation des petites filles est réelle ; elles sont plus présentes en cours, plus assidues et elles réussissent mieux que les garçons.
Au Mali, dans les campements, les petites filles n'auraient pas eu accès à l'instruction. 89 % des petites filles passent en classe supérieure, contre seulement 74% des garçons.
Les petites filles ont également investi les cours de soutien scolaire, où elles y sont plus nombreuses que les garçons.
taux de scolarisation | TAUX de réussite | ||||||||
classe | age | filles | garçons | taux de scolarisation global | taux de scolarisation filles | taux de scolarisation garçons | TAUX de réussite | taux réussite filles | taux de réussite garçons |
1CP1 | 7 | 25 | 25 | 94% | 96% | 92% | 82% | 84% | 80% |
1CP1 | 8 | 23 | 16 | 97% | 96% | 100% | 90% | 87% | 94% |
1CP1 | 9 | 0 | 10 | 100% | 100% | 60% | 60% | ||
2CP2 | 8 | 13 | 9 | 100% | 100% | 100% | 86% | 100% | 67% |
2CP2 | 9 | 10 | 11 | 95% | 100% | 91% | 86% | 90% | 82% |
3CE1 | 10 | 6 | 5 | 100% | 100% | 100% | 91% | 100% | 80% |
3CE1 | 11 | 0 | 7 | 71% | 71% | 71% | 71% | ||
3CE1 | 13 | 8 | 0 | 100% | 100% | 88% | 88% | ||
4CE2 | 13 | 3 | 8 | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% |
4CE2 | 15 | 5 | 5 | 90% | 100% | 80% | 80% | 80% | 80% |
5CM1 | 13 | 4 | 5 | 44% | 44% | 100% | |||
5CM1 | 15 | 5 | 3 | 88% | 100% | 67% | 50% | 80% | |
6CM2 | 13 | 1 | 1 | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% |
9,36 | 103 | 105 | 93% | 93% | 93% | 82% | 89% | 74% |
excellence scolaire
Les enfants du camp, dans l'école du village (7 classes), ont obtenu des résultats scolaires excellents. Nombreux sont ceux qui sont désormais têtes de classe :- 1er de classe : 5 enfants,
- 2ème de classe : 4 enfants,
- 3ème de classe : 5 enfants,
- 4ème de classe : 6 enfants,
- 5ème de classe: : 3 enfants,
- 6ème de classe : 1 enfant,
- 7ème de classe : 1 enfant.
Petite fille Dogon, 2ème de sa classe, avec ses parents et son professeur de soutien scolaire, M Idrissa Touré |
conclusions
Cependant, il faut constater en mars 2014 que des difficultés subsistent encore : déplacements entre le camp et l'école, mais aussi l'absence répétée du maître d'école. Les parents ont exprimé leurs grands besoins en matériel scolaire : principalement sac, cahiers, crayons, bics, ardoises .... mais aussi bidon d'eau et des chaussures solides.L'assemblée des femmes a exprimé sa reconnaissance à Kel Imnas pour les dons en vêtements et en chaussures, mais plus encore pour les cours de soutien scolaire qui ont été particulièrement appréciés par les mamans (et les papas sans aucun doute), surtout avec la présence d'un enseignant Tamasheq et d'un enseignant Songhaï.
L'assemblée des femmes a demandé un kit de fournitures scolaires pour les enfants (sac, cahiers, bics, ardoises) et un bidon.
Les femmes ont également exprimé le besoin d'être elles-mêmes alphabétisées en Français.
Cette action a été menée par nos membres réfugiés avec enthousiasme, ferveur et sens profond de l'intérêt général. Exemplaire et porteuse d'avenir pour ces enfants qui manquent de tout (nourriture, bidon d'eau pour se rendre à l'école, matériel scolaire ....), cette action est un succès du fait de la présence, du militantisme et de l'engagement de nos acteurs de terrain, mais aussi de l'ensemble de nos bénévoles en France, au Maroc, au Mali et au Burkina Faso.
M Ibrahim Ag Attaher, coordonnateur et enseignant (Saagniogniogo) à gauche, Mme Joignon Laurence, trésorière (au centre), M Idrissa Touré, enseignant (Saagniogniogo) à droite
poursuite d'action
- un kit scolaire (estimé à 15€) avec cahier, crayons, bics, sac et un bidon pour l'eau,
- deux uniformes (12€),
- une paire de chaussures en cuir (8€),
par enfant.
Soit au total, 35€ par enfant * 210 enfants dans le camp = 7 350€.
Pour les cours de soutien scolaire : 300€ * 12 mois soit 3 600€.
Nous lançons une demande de don pour cette action, à hauteur de 10 000€.
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